P. LAMBERT EI Groupe – Juin 2025

Le distanciel a incontestablement transformé la formation professionnelle. Rapidité de déploiement, accessibilité élargie, souplesse d’organisation : il répond à des impératifs réels d’efficience, notamment pour des publics en activité, dispersés géographiquement ou en reconversion. Il facilite l’individualisation des rythmes, optimise les coûts logistiques, et permet une réactivité précieuse dans certains contextes.

Mais cette agilité ne doit pas masquer les enjeux fondamentaux de la formation : sécuriser les parcours, repérer les fragilités, ajuster les modalités pédagogiques, accompagner dans la durée. À force de chercher à tout digitaliser, n’a-t-on pas sous-estimé le rôle déterminant de la relation humaine, de l’observation fine, de l’appui quotidien aux apprenants ? N’a-t-on pas confondu accessibilité et accompagnement ?

Le piège de la promesse facile

« Changez de vie, passez votre CAP Cuisine 100 % distanciel ! »
Mais que reste-t-il de la formation dans cette promesse ?
Ni la gestuelle, ni la posture, ni l’odeur d’un plat juste saisi.
Ni le regard du formateur, ni le conseil murmuré au bon moment.
Ni l’émulation du groupe, ni la répétition du geste jusqu’à l’aisance.

Derrière l’accroche marketing, c’est toute la réalité du métier qui disparaît.
Et avec elle, la mission première de la formation : préparer à l’exercice réel d’un métier, dans toute sa complexité, ses exigences, ses imprévus.

Revenir à un modèle ancré, utile, humain

La formation ne peut être un produit désincarné. Elle est une relation, une promesse, une présence.
Elle s’inscrit dans un territoire, un réseau d’acteurs, un tissu de réalités vécues.
Après le boom du distanciel, les dérives du CPF, les marges colossales de certains OFA et les dizaines de milliers d’apprentis laissés sans accompagnement ni examen, il est temps de réaffirmer un modèle fondé sur la proximité, la responsabilité, l’éthique de l’engagement.

L’organisme de formation, médiateur et curateur permanent d’une communauté d’apprenance.

Un organisme de formation présent sur son territoire est un médiateur. Il joue un rôle d’interface entre les attentes des apprenants, les besoins des entreprises, les enjeux des politiques publiques.
Il anime une communauté d’acteurs de la compétence. Il connaît les freins, les leviers, les histoires de chacun. Il met en relation, il ajuste, il suit.
Il ne vend pas un service. Il construit des parcours.

Le présentiel permet cette médiation. Il rend possible l’écoute fine, l’intervention rapide, la co-construction de solutions avec les prescripteurs, les employeurs, les tuteurs. Il sécurise les parcours par la relation continue. Il rassure les publics par sa stabilité, sa disponibilité, sa capacité à réagir. Il accompagne, au sens plein du terme.

Un OF implanté dans un bassin de vie agit au quotidien. Il observe les tensions sur les métiers, les ruptures de parcours, les besoins émergents. Il est acteur de la GPECT, partenaire des branches, interlocuteur des institutions. Il forme pour un emploi réel, ici et maintenant.

Chez EI GROUPE, nous pensons que la formation ne peut pas être réduite à un modèle scalable.
Nous affirmons qu’elle est d’abord un acte de responsabilité territoriale.
Nous formons ici. Nous connaissons les entreprises, les jeunes, les demandeurs d’emploi, les métiers. Nous croyons à une offre de formation locale, disponible, engagée, exigeante.

Nous digitalisons quand cela a du sens — pour enrichir l’expérience, fluidifier le parcours, sans jamais rompre le lien humain.
Nous ne croyons pas à la massification déresponsabilisée. Les acteurs qui ont voulu “scaler” la formation ont aussi contribué à creuser sa tombe.
En industrialisant les parcours, ils ont suscité la défiance des apprenants, la colère des prescripteurs, la réaction des autorités de contrôle, jusqu’à des restrictions draconiennes imposées à l’ensemble du secteur.

Chez EI GROUPE, ce qui compte, c’est la confiance, l’individualisation et la transformation réelle des parcours de vie.
Parce que former, ce n’est pas vendre du contenu. C’est changer une trajectoire. Et cela ne se fait pas sans présence.

Date de publication : 11 juin 2025
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