La formation professionnelle ne se résume pas à un transfert de savoir technique ou à l’acquisition de compétences ponctuelles. Elle est, depuis toujours, un acte fondateur de civilisation. Elle structure, relie, transmet. Ainsi, elle fait société. Depuis les origines, la pérennité d’un groupe humain repose sur sa capacité à transmettre ce qui le rend singulier : ses savoirs, ses gestes, ses valeurs, ses repères.
Aux origines de la transmission
Aussi loin que l’archéologie puisse remonter, la trace la plus constante que nous retrouvons est celle de la transmission. Les parois ornées de peintures rupestres, vieilles de plus de 25 000 ans, ne sont pas que des œuvres. En réalité, elles sont aussi des messages, des récits et des codes destinés à durer. Des gravures de Néandertal aux symboles celtes, des hiéroglyphes égyptiens aux manuscrits médiévaux, chaque civilisation a inventé les supports qui lui permettaient d’ancrer et de transmettre.
La formation professionnelle : un art de société
La formation professionnelle, lorsqu’elle est pensée comme un art, dépasse le simple cadre pédagogique. Elle devient un vecteur d’identité, un ciment social. Elle relie les générations et structure les métiers. De plus, elle donne une forme tangible aux valeurs partagées. L’évolution des supports – de la parole au geste, du dessin à l’écriture, du papier à l’écran – n’a jamais changé cette mission première : assurer la continuité et l’adaptation de la société.
Un vecteur de progrès social et d’égalité
La formation n’est pas seulement un outil d’adaptation économique. Elle est aussi un moteur de progrès social. L’accès aux outils, aux techniques, aux savoirs par toutes les catégories sociales – tous les publics discriminés, et en particulier par les femmes – constitue un levier central d’émancipation et d’égalité. En effet, de l’éducation des jeunes filles dépend directement le niveau de maturité d’une société. Ouvrir l’accès à la connaissance, c’est ouvrir la porte à la pensée critique, à la liberté de jugement et à l’autonomie intellectuelle. Par ailleurs, ouvrir l’accès à la maitrise des outils et des process, c’est ouvrir des voies à l’ascension sociale, à l’entrepreneuriat et à la liberté économique. C’est aussi protéger des pièges et des mensonges manipulateurs. Enfin, c’est éduquer politiquement dans le sens noble du terme : former des individus capables de comprendre, de décider et d’agir en conscience.
Les dérives de l’utilitarisme
Aujourd’hui, le risque est grand de réduire la formation à un produit de consommation calibré pour répondre à des besoins immédiats. Cette approche, souvent contrainte par les délais et les budgets, appauvrit sa fonction sociale et son rôle émancipateur. De plus, elle oublie que transmettre, c’est aussi cultiver la pensée critique, forger un imaginaire commun et construire des citoyens capables de faire société et de s’engager.
Redonner du sens à la formation professionnelle
Si la formation professionnelle est un art social, elle exige des artisans attentifs, conscients de leur rôle dans la construction du lien collectif. C’est en assumant cette responsabilité que nous éviterons de la voir se dissoudre dans les logiques d’efficience pure et de productivisme au rabais. Former, c’est préparer l’avenir. Cela consiste à outiller les individus pour comprendre, agir et transmettre à leur tour.
Chez EI GROUPE, nous croyons que la formation est un ciment social. Elle joue un rôle central dans la construction et le maintien d’une société riche de sa cohésion, au sein de laquelle l’entreprise a toute sa place. Nous pensons la formation professionnelle comme un acte politique. C’est celui qui construit la cité, tisse les solidarités et assure la permanence de ce qui nous rend humains.
P. LAMBERT EI Groupe – Août 2025